Dans la continuité de ma petite page sur Lunar Aurora (
ICI) je me permets (parce qu'entre autre, je n'ai pas grand chose à branler en cette heure de la nuit) de vous en pondre une nouvelle sur un autre vieux monstre de ce Black Metal si cher à mon cœur :
C'est en '88, plus ou moins au milieu de la première vague du Black Métal, que la Grèce nous pond cette véritable arme de destruction massive qu'est Varathron. Remercions Stefan "Necroabyssious" (chant, ex-Sickness Mind), leader et seul rescapé du line-up originel d'avoir, avec ses trois amis Spyros "Captain Death" Papanastassatos (batterie, ex-Vomit ex-Sound Pollution), John (guitare, Danger Cross) et Jim "Mutilator" Patsouris (basse, ex-Rotting Christ) d'avoir eu la volonté de concrétiser leur noir dessin de donner un nouveau visage au BM mal gré la difficulté de la chose.
Car si les quatre bonshommes ont un CV qui parle pour eux et sont membres de différentes formations qui font parler d'elles (et en bien, s'il vous plait) ils seront confronté à un contexte relativement malléable.
Premièrement, la réalité de la scène BM qui est en pleine création et dont les "maitres" (Emperor/Burzum/Mayhem/Immortal/Thorns/Satyricon) imposent leur idée du Black et forcent plus ou moins volontairement tous les autres à rester dans leur droite ligne (je ne m'attarderait pas là dessus).
Deuxièmement, la scène métal dans son ensemble, plus que largement dominée par papa Death Métal dont le public s'oppose au fiston venu du Grand Nord Européen.
Résultat, Varathron nous pondent, dès leur première démo en '89 (
"Procreation of the Unaltered Evil") un BM clairement inspiré de Trash (en même temps, quand on voit les autres groupes pour lesquels bossent ou ont bossé les membres). Un Black qui traduis la haine crasse et le désespoir malsain des froids norvégiens tout en restant main dans la main avec un Trash Métal "classique", puissant et incisif mais marqué du sceau de la bête et de son mysticisme. L'atmosphère est étrange et inquiétante et à ce premier jet, on ne saura que regretter une production pauvre et une musique encore trop clairsemée.
Qu'à cela ne tienne, ils remettent le couvert deux ans plus tard (en '91 donc) après s'être remis du départ de Captain Death avec une autre démo autoproduite (
"Genesis Of Apocryphal Desire") qui frappe les sens et où BM et Trash se mêlent à la perfection. Toujours pas de blast-beat, à l'inverse des nordiques norvégiens de la première heure (et des suédois qui entrent aussi dans la danse), mais un "trash-beat" accéléré pour coller à des guitares du même genre : épurées, avec une distorsion assez légère et un son très sec et froid, comme une bonne vieille gratte d'Angel Corpse possédée par un démon de glace.
Pourquoi j'vous parle de tout ça? Parce que d'une, il le faut mais ensuite parce que c'est avec cette démo que Varathron va réellement apparaitre aux yeux de la scène, que c'est sur cet enregistrement que le groupe nous montre vraiment ce qu'est son univers, sa ligne de conduite, et son énorme richesse.
En 91 donc, Varathron s'affiche comme un acteur de la scène underground BM avec lequel il faut compter. Les p'tits grecques nous offrent des mixs léchés, un son pur (pas cristallin et sans défaut...j'ai dit PUR!), des ambiances travaillées et une mélodie qui empreinte à d'autres cultures musicales (Moyen-Orientale par exemple) dans le souci de coller de coller à l'objectif premier qui est de donner une "nouvelle face" au BM : une musique plus ouverte, plus proche de ses racines historique, sans transition, ni concession mais pas le moins du monde sclérosée et ouverte sur la richesse musicale que le monde entier peut avoir à offrir pour nous donner un résultat VRAI et respectueux de l'esprit BM.
S'en suivent un EP (
"One Step Beyond Dreams" en '91) et un split avec nos très bons amis de Necromantia (
"The Black Arts / The Everlasting Sins" en '92) signé chez Black Power Records rien que ça (ils ont juste vu passer Sceptic Flesh [dieux du Dark Death],Septicemia, Sadistik ExeKution, Horrified ou encore Agoraphobia) pour qu'enfin, enfin mes enfants, apparaisse celui qu'à l'époque on devait attendre en rongeant son parquet : le premier album!
HAIL to
"His Majesty at the Swamp" qui, en 1993, débarque comme un char T-54 dans un meeting nazi : en écrasant tout sur son passage et en mettant tout l'monde d'accord. Il éclabousse le salaud, en envoyant sans vergogne son métal méditerranéen (comme l'est celui de Septic Flesh, Necromantia et Rotting Christ) à l'ambiance relaxante qui vous tabasse insidieusement en touchant ce "je-ne-sais-quoi" qui vous donne envie de frapper les murs et de vous déchainer sans vous permettre de vous lever de votre fauteuil...les tympans rivés à ce petit bijoux. Des arrangements au poil portés par une mélodie et une voix aux p'tits oignons dans cette musique qui garde sa pureté première dans tous les domaines (production, création, ambiance, diffusion).
C'est la confirmation et la consécration pour Varathron qui à perdu en 92 trois membres (deux guitaristes et le batteur) et perd en 93 le bassiste (hop, reste Stefan, seul membre du line-up d'origine).
WISHOUUUUUUUUUUUUU!
Petit saut temporel qui aura vu passer d'autres changement de line-up, et un nouveau split avec Necromantia (
"Black Arts Lead To Everlasting Sin", 1994) pour arriver en '95 à la sortie de
"Walpurgisnacht" (dont le titre seul, annonce tout de suite la couleur de ce qui va suivre) qui, même s'il donnera lieu à quelques critiques (surtout celles des nouveaux arrivants qui découvrent varathron sans avoir de background musical suffisant), nous donnera l'occasion d'explorer à nouveau l'univers sombre et attirant d'un BM très, très empreint de Death, inspiré, poétic et teinté d'un certain romantisme désabusé.
Et là....et là.....le néant.
Pas que le groupe soit inactif (loin de là) mais pendant dix putain de longues années, seuls les "initiés" entendrons parler du groupe qui pond compilation, démo et split sans retoucher aux studios dans le but de ressortir un album digne de ce nom. Varathron vivote, meurt et renait pendant deux ou trois ans avant de faire silence complet entre '97/'98 et 2004. Ayé, le mot circule : Varathron, c'est fini. J'vous sens déjà la larme à l'oeil.
Que nenni, bande de crédules, Stefan ne lâche pas l'affaire et en 2004, on comprends pourquoi on a attendu 10 ans : Crowseign sort.....et le public pleure...de joie.
Parc'que là ma cousine, c'est du lourd, du très lourd, du magnifique, du travaillé, du pur, du transcendant qui touche Death, Trash et Black à la fois et les mélange à la perfection. J'en perds mes mots et j'vous laisse savourer :
King of Asine ==> http://www.deezer.com/listen-2078069 (A ECOUTER EN ENTIER, j'insiste).
Vous trouverez le reste de l'album sur Deezer, et je vous conseil plus particulièrement les titres
Ther is no God,
Darkness Falling,
Spirit ofthe Tomb et
Angel of Revenge (que vous écouterez en entier parce qu'elle est vraiment, vraiment excellente).
Bon, vous avez aimé?....Vu que je suis certain que c'est un oui, je continue, et termine, sur le dernier bébé de Varathron qui décidément ne veut vraiment pas crever (et c'est bien mieux comme ça) :
Stygian Forces Of Scorn. Sorti en 2009 et qui, comme Crowseign donne plus dans le Death et le Trash, ce qui déroutera le néophyte et l'empêchera de voir, derrière le son, tout l'esprit BM qui se dégage de l'album.
Stygian Forces Of Scorn est une perle qui vaut largement la précédente, à croire que le groupe n'arrêtera, comme ses collègue de Septic Flesh, jamais de nous surprendre et nous flatter les dépends, l'âme et le cœur.
Je n'en est pas trouvé à vous en faire écouter, mais l'album tourne dans mes enceintes en ce moment même et l'émotion est assez puissante pour que j'arrête ici, en vous laissant ce goût de fin de chronique bâclée...pour, ne vous en déplaise, aller fumer une cigarette assis sur ma fenêtre. Le cœur et l'âme voyageant dans le sang et la haine triste....et les yeux dans les étoiles, inaccessibles.
Soyez heureux.
Shon'
===============================================
Discographie :Procreation Of The Unaltered Evil(Démo, 1989) - Autoproduction
One Step Beyond Dreams (EP, 1991) - Black Vomit Records
Genesis Of Apocryphal Desire (Démo, 1991) - Autoproduction
The Black Arts / The Everlasting Sins (Split Necromantia, 1992) - Black Power Records
His Majesty At The Swamp (Full Album, 1993) - Cyber Music
Black Arts Lead To Everlasting Sins (Split Necromantia, 1994) - Unisound Records (ex Decapitated Black)
Walpurgisnacht (Full Album, 1995) - Unisound Records
Genesis Of Apocryphal Desire (Compilation, 1997) - Cursed Productions
Sarmutius Pegorus Promo (Démo, 1997) - Autoproduction
The Lament Of Gods (EP, 1999) - Pagan Records
Varathron 1989/1991 (Compilation rétrospective, 2004) - Ordealis Records
Crowsreign (2004) (Full Album, 2004) - Black Lotus Records
Stygian Forces of Scorn (Full Album, 2009)