René Barjavel

Parfois, il est possible de trouver, parmi les lectures imposées au collège, de véritables perles, perles qui vous touchent et vous marquent à jamais. L'exemple le plus flagrant, dans mon cas, aura été la lecture de La Nuit des Temps, de René Barjavel, écrivain français du siècle dernier.
Il n'est nulle question ici de vous étaler sa biographie ou sa bibliographie, non. De fait je ne m'amuserais pas à recopier l'article de wikipedia (dont je vous offre le lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Barjavel).
Après tout, la recherche de l'information ne doit-elle pas rester personnelle si l'on espère en garder quelque chose ?

Bref. Ce dont je souhaiterais surtout parler ici, c'est ce dont ses romans font état. La fin du monde, ou plutôt l'effondrement de la société, causé par la folie de l'humanité, la guerre, l'intolérance, les excès de la sciences et des techniques modernes, est un thème centrale dans la bibliographie de l'auteur. Au travers de la science fiction et du fantastique, il nous plonge dans son univers en déroute où un homme, des hommes, cherchent leur place, cherchent une raison d'être.
Son style se veut poétique et léger, parfois interrogateur -l'existence de Dieu et le devenir de l'homme par exemple- mais toujours philosophique. Si le contexte contemporain n'est plus toujours d'actualité, l'auteur ayant écrit ses romans entre 1943 et 1985, le fond est la. La société moderne et ses perversion arrive à un point critique où la chute devient inévitable. L'humanité se retrouve alors confronté à ses pire peurs, ses pires craintes et est inéluctablement poussée à bout.
Le récit parait souvent fataliste, pessimiste. L'humanité, cruelle, animale. Mais il y a toujours en arrière plan ce gout amer, celui de l'espoir, l'espoir de trouver une autre voie, une meilleure voie. Une voie empreinte de choix.
Tous ces éléments que l'auteur nous présentent viennent finalement pointer du doigt l'insignifiance de l'homme face à la nature, l'univers, et montre sans concession aucune les travers de l'homme. L'homme se cache derrière une technologie qu'il ne maitrise qu'en partie. Enfin, au delà de l'aspect spirituel et philosophique de ces romans, l'auteur nous offre une vision de son époque si proche de la notre, finalement...
La Nuit des Temps est surement le seul livre dont je pourrais parler des heures durant. Mais ça ne serait pas forcément lui faire honneur. Si certain ont eu l'occasion de le lire, d'ailleurs, j'aimerais beaucoup connaitre votre ressenti Smile

Aux autres, je ne peux que les encourager à se lancer

Je l'ai aussi lu au collège, mais il ne m'a absolument pas plu. Je ne ferai aucune reemarque sur son style, il ne m'a pas marqué, ni en bien, ni en mal. Enfin, dans la forme c'était correct, plutôt agréable même. Ce que je n'ai guère aimé, c'est la description de cette société idéale, et surtout la mièvrerie des scènes avec la présence d'Elea ou de Païkan. Et quand les deux étaient réunis, encore pire! Le reste de l'histoire (la recherche dans les glaces, les évènements tragiques du passé etc) est plutôt intéressant. Je n'aime en général jamais les littérature idéologistes ou utopistes, qui cherchent à nous présenter ce qui serait une société idéale, et où à la fin les persos se tombent dans les bras les uns des autres.
Bon, j'occulte certainement des facettes de ce livre, et je le simplifie beaucoup, mais je ne m'en souviens plus très exactement, hormis ce qui m'a le plus déplu.

Vladislava a écrit:: Je n'aime en général jamais les littérature idéologistes ou utopistes, qui cherchent à nous présenter ce qui serait une société idéale, et où à la fin les persos se tombent dans les bras les uns des autres.

Pour le coup, j'avoue que j'ai l'impression de ne pas avoir lu le même livre que toi. Certe, il y a une question de sensibilité, de perception. Mais quand même. Une des particularités de l'histoire entre Eléa et Paîkan est que tout au long du roman, elle est présenté comme un drame, un drame qui se terminera tragiquement. Tout comme le roman, où l'auteur nous présente l'œuvre de la folie des hommes, du passé comme du présent.
Quant au fait qu'il présente là une société idéale, c'est totalement faux. En effet, si la société antédiluvienne est présentée en tant que telle au début du roman au travers des personnage, elle dévoile au fil des chapitres ses vices et ses faiblesses qui la conduiront à sa chute et sa disparition. Cela montre que quel-qu'elle soit, une société ne doit jamais se satisfaire d'elle même et doit se remettre en question, ou disparaitre, comme se sera le cas pour Gondawa.
Pour revenir sur la relation qui unie Eléa et Païkan, j'avoue sans mal qu'elle est bien trop idéalisée, mais j'interprète cela comme une manière indirecte de faire d'eux des symboles de la société perdue, dans ce sens où, comme celle-ci, ils pensaient tout avoir, tout mériter, alors que finalement, ils étaient tout aussi superficiels et qu'ils vont ainsi perdre les seules choses qui comptent vraiment.

Par utopisme et idéologisme j'entends surtout la fin où les scientifiques de tous bords font tous "la paix" en pleine période de guerre froide, réconciliés par les évènements dramatiques qu'ils ont vu etc etc. Barja écrit cette histoire comme une sorte de manisfeste contre la méchanceté et la folie des hommes, la guerre froide et les guerres en général, c'est un but louable, mais je n'aime pas.
Je ne me rappelle que des grandes lignes de l'histoire, presque pas de la guerre de Gondawa mais je croyais me souvenir qu'ils étaient les "parfaits gentils" attaqués injustement par des méchants. Il est possible après tout que ma mémoire me fasse grandement défaut dessus, je l'ai lu entre la cinquième et la quatrième, et comme je l'ai déjà dit, ce livre ne m'a pas marqué

Je vais spoiler quelques parties de la fin, je préviens (on ne sais jamais...)
Je ne vais pas te résumer tout le propos du livre, surtout si tu ne l'a pas apprécié Smile

Simplement, les scientifiques jouent un rôle central dans la fin du roman, ou la station de recherche est détruite et où Eléa meure en pensant tuer Coban, alors qu'elle empoisonne Païkan. D'autant plus que c'est l'un des membres de l'équipe qui est à l'origine de la destruction de la station.
Quant à la société de Gondawa, elle est souvent présentée comme supérieure et idéale vis à vis de sa consœur notamment parce que cette présentation se fait par les souvenir d'Eléa et que l'auteur a créé deux systèmes opposées. Mais Gondawa n'est pas sans défauts et est ravagée de l'intérieur, notamment par des vagues de manifestations, et où la justice semble plus imposée que réfléchie.
Mais il vrai que l'auteur présente avant ton son récit comme une critique de la société et de l'homme, même s'il s'attache difficilement à disperser quelques notes d'espoir, parfois maladroitement. Cependant, c'est cette vision de la société actuelle, cette vision d'anticipation, que j'apprécie aussi dans ce livre. Comme quoi Smile

Comme quoi oui^^
Si j'en ai un jour l'occasion, je le relirais peut-être. A l'âge où je l'ai lu, il ne serait pas étonnant que certaines subtilités m'aient échappé. Wink

J'ai lu deux livres de cet auteur : "Ravage" qui m'a beaucoup plu

Et "La faim du Tigre" beaucoup moins, Mais c'est mieux que certains navets que je ne citerais pas

J'ai lu "La Métamorphose" de Kafka, je n'ai pas du tout aimé à l'époque (4ème),

Je n'ai jamais pu le relire.... Very Happy