Trouvailles et actualités

Je ne sais si je l'ai déjà dit
mais j'aime le cinéma.

Pour approfondir, je soumets ici des tops qui représentent un peu ce que j'ai vu ces dernières années dans les salles obscures et ce qui m'a plu. Je n'apprécie pas particulièrement les tops mais, pour commencer, c'est idéal.

2010

1.12
2.Achille et la tortue
3.Outrage
4.Jean-Michel Basquiat : a radiant child
5.Gainsbourg, Vie Héroïque
6.Notre jour viendra
7.Mammuth
8.Machete
9.Dog Pound
10.Wall Street 2

Sortis du classement :
In the air, Lovely Bones, Kaboom, Les petits ruisseaux, Fatal, Toy Story 3, Le Bruit des Glaçons, Le Choc des Titans, The Expendables, CCA, Dead Silence, Death Sentence, Le cas 39, All the boys loves Mandy Lane, From Paris with Love, Kick-Ass, La tête en friche, La Horde, Invictus, Leap Year, Sex & City 2, l'Agence tous risques, The Human Centripede, Splice, Tournée, Année Bissextile, Sherlock Holmes, Narnia II

Pire film : Kaboom

Films vus : 37


2011

1.Tree of Life
2.Pater
3.The Artist
3.L'exercice de l'Etat
4.La grotte des rêves
5.Melancholia
6.Habemus Papam
7.Chelsea Hotel
Le Havre
8.Pina
9.black swan


Sortis du classement : Hors Satan, Essential Killing, Balada Triste, L'Apollonide

Pire film : Balada Triste

Films vus : 15


2012

Elena
Holy Motors
Keyhole / Souviens-toi Ulysse
Despues de Lucia
Viva Riva
Moonrise Kingdom
Moi, député
The Dictator
Je suis venu vous dire
Bye bye Blondie

sortis du classement : Camille redouble, Gogo Tales, Compliance, Bellflower, le solitaire-Thief, accattone, l'évangile selon saint matthieu, the doom generation, Joint Security Area

***

Mes luttes personnelles :

Contre le surdivertissement, que je raccroche directement à l'aliénation culturelle de masse.
Contre la propagande capitaliste.
Contre l'origine limitée des films (inutile de m'attaquer sur ce point étant donné que je compense cela à la maison)
Contre la disproportion de la distribution et, par conséquent, des entrées.

***

Et bien sûr, j'agrémenterai au fil du temps...

Punaise, je n'ai vu qu'un seul film sur tous ceux cités...

Et c'est lequel ? Et pourquoi ?
C'est parce que ce que je regarde un certain cinéma que je le partage. Il y a un tel règne du fric qu'il faut coûte que coûte se méfier. Tenons nos distances, tout en sachant qu'il n'y en aura jamais assez.

***


"Le pornographe" de Bertrand Bonello

Comme j'avais été déçu par "L'apollonide - souvenirs d'une maison close" du même auteur, je me suis intéressé au "pornographe", interprété par Jean-Pierre Léaud. Un personnage on ne peut plus intéressant et qui a, comme d'habitude, de nombreuses failles dans le jeu, des failles qui ne se jouent pas ou qui se surjouent... bref de la vie, de la chair... de la recherche de soi, une recherche souvent inadaptée elle-même au monde, à ceux qui nous entourent, aux fils, aux actrices porno comme aux épouses. Tout le propos tient dans ce personnage du pornographe, debout dans l'herbe, phallique en lui-même...
A noter une chose bien étrange dans ce film : une révolution silencieuse digne de 68. Intéressant. Comme un appel à un renouveau des libertés qu'on a cru acquises mais qui ont disparu par la mécanique des corps.

La seconde partie du film est plus trouble mais l'intérêt subsiste jusqu'à la fin.

Jusqu'ici je suis très rarement allée au cinéma, et je ne m'y suis pas vraiment intéressé.
J'ai vu Kick-Ass.

De quoi parle La grotte des rêves?

Ah une conscience à conquérir. Je finirais bien par trouver un film pour te marier avec. C'est un passe-temps chez moi : écouter l'autre, l'envisager et faire une proposition de film. Pas forcément que le film lui plaise (ça dépend de l'autre), mais qu'il se passe un truc au visionnage ou après. C'est inestimable.

Kick-Ass marque un tournant dans les film de super-héros, typiquement dans l'air du temps, avec le sentiment toutefois que ce qui caractérise l'individu aujourd'hui, c'est la distance. Et cette distance marque la fin du romantisme. Je comprends que certains disent se revendiquer d'un certain romantisme, à un temps où l'on touchait l'autre et l'autre exaltait - j'idéalise sans doute. Mais voilà Kick-Ass, c'est ça, de l'ordinaire qui se fout de l'ordinaire pour aller au-delà, se foutant de tout, des conventions, se foutant de l'autre. Pour moi, c'est la promotion de l'individualisme cette histoire... Mais comme dirait mon pater, j'ai pas la pensée assez basique pour comprendre (drôlement tordu hein ?)

La grotte des rêves, c'est un film de Werner Herzog (j'essaie tout le temps de te dire les choses avec mes mots hein !). C'est un réalisateur allemand qui fait quand même un drôle de cinéma. Il est connu pour être indépendant et jusque boutiste : il mélange l'art du cinéma avec l'épopée réelle : ainsi il n'hésite pas à aller recruter des amateurs, des fous, des caractériels, il n'hésite pas à faire des péplums en pleine amazonie... et ça ne ressemble à rien d'autre. C'est vivant ! Ah si tu savais... Voilà ça c'est pour le bonhomme, et cette grotte, c'est... une grotte très riche en peinture rupestre, des peintures plus nombreuses et plus anciennes je crois que celles de Lascaux. Le problème de Lascaux, c'est que les peintures se sont détériorées avec le passage des touriste. Donc, pour sauvegarder ce patrimoine, Herzog filme une fois cette grotte en 3D et plus aucun touriste n'y entrera. Une reproduction très fidèle de cette grotte a ouvert ses portes.
Le film en lui-même est une énigme du temps. Expliquer comme ça, un documentaire sur une grotte bof bof... Mais Herzog emmène par la poésie et fait comprendre au spectateur que rien n'a changé, que les représentations sont les mêmes. C'est un film nécessaire et beau... et la 3D prend tout son sens.

Si tu as d'autres questions, suggestions, propositions, si c'est du ciné... j'en suis tout ouï,
C'est peut-être le seul truc qui me fait causer.

Merci pour ta réponse!

La Grande Illusion (1937) de Jean Renoir



Disons-le clairement : ce film est rare. Dès l'une des premières scènes, où les aviateurs français sont capturés par l'ennemi, Renoir nous fait part de ses intentions : il n'a pas d'intention. Il n'a pas l'intention d'opposer la guerre à la civilité. Juste, à la rigueur, celle de filmer le spectacle de la vie, bourré de codes sociaux et de code de l'horreur. Quoi de mieux qu'une guerre pour caractériser les rapports sociaux faits de domination et de soumission. Dès cette première scène, il souhaite mettre presque à plat les ennemis. Par contre, ce qu'il ne met pas à plat - comme c'est le cas dans la Règle du Jeu - ce sont les classes sociales. Les gradés bénéficient de contre-plongés tandis que les autres sont filmés plus simplement. renoir nous invite ici à rire et pleurer, promouvant un cinéma de l'ambiguïté et la culture du paradoxe. Quoi de mieux que l'horizontalité d'un camp de prisonniers, aux allures de colonies de vacances et où la guerre est hors-champs, limitée à des intérêts bureaucratiques, pour saisir au vol, pour distiller ces rapports sociaux entre ennemis d'une part et différents grades de l'autre. Le film recèle de situations fraternelles : hymne français (chanté par un anglais travesti en femme !), spectacle, repas commun, tourisme, évasion, bataille de neige, amour. Dans le camp, tous les besoins individuels sont mis sous le tapis pour ne se concentrer que sur le désir qui anime un prisonnier : s'évader. Même la pénibilité d'être prisonnier n'est pas tant évoqué tant que le prisonnier est entouré de ses pairs. Peu de plaintes. Rire omniprésent. Cela est rare aussi.
Dans ses poussées de mises en scène, Renoir n'est pas tendre avec les gradés comme avec les moins gradés comme en témoigne la deuxième partie du film : le château. D'un seul coup l'horizontalité du camp devient un camp de captivité vertical, mettant en relief les grades - soldats livrés à eux-mêmes (scène fameuse de l'allusion à la révolution russe de 1917) et aristocrates rigides - évoluant dans leurs ruines obsolètes, chaotiques, inhumaines pour ainsi dire.
La troisième partie traite de l'évasion - ce qui permet au final de nous poser la question suivante :
Mais qu'est-ce donc que la grande illusion ? Il n'y en a pas de grandes mais une succession de petites qui, agrégées, déclinées, forment une grande. Illusion des frontières, illusion de la victoire, de l'honneur, des grades, illusion aussi autour dans le rapport des hommes avec les animaux - thème récurrent chez Renoir. D'ailleurs, l'une des dernières répliques du film est : "Les frontières ? La nature s'en fout." ou encore celle-ci de Gabin s'adressant à une vache bavaroise : "Tu t'en moques bien de qui te donnes à manger. T'as bien raison va !" L'humanisme lui-même est une illusion de classes mais dans ses classes encore, il peine à devenir transversal.

Rappelons toutefois que ce film a été censuré et fut taxé d'antisémitisme alors que le seul juif du film est l'homme qui aime à partager, l'homme qui est fraternel, celui qui est le christ par excellence ! Tout le film annonce la prochaine guerre, celle de 39-45.

Enfin, on parle de Douaumont dans le film comme d'une victoire : je me suis rendu par "hasard" sur cette commune au mois de septembre dernier. Je peux vous assurer que l'immense colonne qui surplombe la campagne meusienne en mémoire aux soldats est une belle illusion. Cela a été un vrai carnage. La colonne est en photo ici : https://gothique-romantique.forumactif.org/t3372-de-ma-hauteur-d-homme

Amour - Haneke (2012)



Vu hier. C'est toujours une joie à la fois pénible et immense de voir un Haneke. Pénible - parce qu'il faut être en forme mentalement. Quoique le Ruban Blanc - que je n'avais pas aimé - était supportable. Avec Haneke, il faut s'attendre à être détruit.
Etrangement, j'ai pris beaucoup de plaisir pendant cette séance bien que le discours, le profil du film est convenu. Mais il est grandement sauvé par l'impeccable : la réalisation, l'interprétation, la photographie, la décoration - excepté Huppert.
Au-dessus du film, il y a eu surtout mon chemin intérieur. De ces hommes ou femmes derrière les murs des maisons, j'en ai connu des souffrances. Ici, la souffrance est belle parce qu'il y a l'écoute.
Beaucoup d'amour à la toute fin
et d'écoute dans ce film tandis que d'autres verront la superficie des séquelles de deux AVC bien frappés.

Un amour qui naît après tant d'années. Je l'ai déjà vécu et nous sommes tous amenés, à quelques exceptions près, à connaître ce moment d'humiliation et de vie amoureuse.

Ton enthousiasme donne envie d'aller voir ce dernier film!

Je ne dirai pas que j'ai été enthousiasme, au contraire. Le côté du discours préconçu du film, apparemment sur des rails, m'a empêché de me réjouir du visionnage... Par contre il m'a apporté quelque chose, à défaut de réflexion. Il m'a apporté un regard sur ma vie, personnelle et professionnelle.

Source Code - Duncan Jones



Très bon moment ! une histoire avec tous les stéréotypes hollywoodiens mais qui parvient à imposer son histoire, même si je la trouve incohérente. Après avoir écrit et réalisé le thriller/science-fiction Moon, Duncan Jones m'épate pour la deuxième fois grâce à un scénario bien ficelé. Je n'apprécie pas trop ce genre de film car on en retient rien, parce que c'est du divertissement pur sans autre intérêt que d'être ce qu'il est
mais là, je me suis bien amusé. Captivant en somme.

Pingpong de Matthias Luthardt



C'est toujours une joie que de découvrir le premier film d'un auteur. Et nul doute que réalisateur allemand, très inspiré, fera parler de lui à l'avenir même s'il tarde à délivrer un second film. Pingpong est l'histoire d'une ambiance et d'un Théorème qui voit débarquer un matin en banlieue petite bourgeoisie à la Haneke un jeune homme. Puis c'est le début de la contamination, de l'infection. Déjà plusieurs symptômes : une mère sadique et impulsive qui prête à son chien des intentions très affectives, un fils alcoolique digne héritier de cette famille, un père aveugle et absent. Et même si le film perd de sa substance en deuxième partie, à l'instant où la tension se resserre, il reste cette plaie au fond de soi, béante, qui demande à être cicatrisée, nettoyée mais qui ne l'est jamais. Quand le jeune homme travaille au finition d'une piscine bâchée, il cherche une eau, symbole de purification, et trouve sa solution. Il lui faut un sacrifice à expier.
Le ping pong est le jeu par excellence où, par automatisme, on cherche à renvoyer la juste balle, souvent plus fort que l'adversaire nous l'a envoyée. Cela n'est pas sans rappeler encore une fois Haneke dans la fameuse scène de "71 fragments d'une chronologie du hasard".

Je poste à présent 20 films que j'aime particulièrement sans ordre de préférence, histoire de situer un peu mieux comment j'aime le cinéma :



Tetsuo de Tsukamoto
Salo ou les 120 jours de Sodome de Pasolini
Le bassin de J.W. de Monteiro
Hana-bi de Kitano
Berlin Babylone de Siegert
Les idiots de Von Trier
Les Harmonies de Werckmeister de Tarr
Taxidermie de Palfi
The Party de Edwards
Les sentiers de la gloire de Kubrick
Le septième continent de Haneke
La règle du jeu de Renoir
Dersou Ouzala de Kurosawa
J'irai comme un cheval fou de Arrabal
Robocop de Verhoeven
Cobra Verde de Herzog
The wall de Parker
12 de Mikhailkov
Le testament d'Orphée de Cocteau
La chambre verte de Truffaut

Hard Rock Zombies

Orienté gracieusement par "Pas de pitié pour les navets",
Un peu de promo pour un film bien fendar où des zombies hard-rockers à la nuque longue combattent des zombies nazis, un nain zombie nazi, un Hitler zombie - avec une scène dont je suis convaincu qu'elle a inspiré Frontière(s). Le film est disponible dans son intégralité VO sur YouTube.

rroseselavy a écrit:

Hard Rock Zombies

Orienté gracieusement par "Pas de pitié pour les navets",

Tu veux parler d'une soirée à la Cantada n'est ce pas?

Oui.

Aelita - Protazanov



Le cinéma mis au service de la révolution prolétarienne donne un admirable film de science-fiction - l'un des plus sensé aussi ! Je m'étonne à chaque fois de la modernité de réalisation - à défaut de mise en scène - de certaines oeuvres soviétiques.
Brièvement, Aelita est une reine sur Mars qui est en butte avec son armée pour régner tandis qu'un scientifique reçoit un étrange message extra-terrestre à la radio.
Evidemment, Mars et ses normes dans ce film résonne comme l'ancien tsarisme, mais aussi quelconque domination exercée sur le dos des travailleurs.
Le capitalisme n'a lui aussi rien d'humain. Mais faut-il être un nostalgique ou un poupon de l'anticapitalisme pour sortir et regarder ces films ! Allez faîtes-moi le plaisir que ce n'est pas vrai car vous manqueriez quelque chose !

A présent, retrouvez ces critiques sur http://www.senscritique.com/Olivier-Vincent ...et faites-vous connaître !

Augustine d'Alice Winocour



Après avoir vu plusieurs fictions autour de Freud (D'un pas mesuré, Princesse Marie, A Dangerous Method), attendant un biopic probable sur Pinel,
C'est autour de Charcot de subir le charcutage de la cinématographe Alice Winocour. Elle tente dans sa forme de tracer, au travers de la patiente Augustine et du docteur Charcot - un rapport dominant-dominé, les débuts de la psychiatrie et le traitement que l'on fait de l'hystérie à l'époque. Ce rapport dominanant-dominé évolue sans nuance, maladroitement dans une lumière, elle aussi maladroite et sans nuance. Les extérieurs sont filmés avec une lumière brillante et floue. Les intérieurs sont plus sombres, boisés et plus nettes. Effectivement, la psychiatrie balbutie à ses débuts, mal appréciée de tous, on parle de démons. Charcot cherche à faire reconnaître son travail et à entrer à l'académie. Il est certain qu'on avance à cette époque vers des territoires inconnus. Mais fallait-il que cela prenne cette forme grossière ? J'en doute fort.

Il me restera pourtant le rapport du docteur et de sa patiente-jouet médical, dont le rapport a peu de contenu et manque de dynamisme. Je n'aime guère évoquer mon ennui mais j'ai eu le sentiment qu'on avançait à peu feutré comme dans un Derrick. C'est la toute fin qui bouleversera les rapports, avec une suite de scènes révélatrices de leurs rapports mais ce sera bien maigre et convenu. Et même au-delà du convenu puisque Charcot est ici sacralisé et la patiente-aimante est dénudée à tous vents, sans forcément de justification. Oui, j'affirme que c'est un film phallocrate - qu'il soit issu des mains d'une réalisatrice me désole.

Il me restera Augustine dans son rapport avec la maladie. Là aussi, c'est un échec si je dois considérer l'empathie que j'ai pour elle. Le talent de Soko n'y changera rien. Comme on ne sait rien de sa maladie, de ce qu'elle ressent, même si le film crut bon d'insérer des plans de témoignages, la douleur d'Augustine ne transparaît pas, engendrant ainsi l'absence, le désert de mon empathie pour ce personnage.
Quant aux personnages secondaires, ils sont totalement inachevés. On ne sait pas pourquoi ils existent, quels enjeux ils amènent car ils disparaissent sans laisser de trace.

Que me reste-t-il ? Oh il y a bien quelques scènes intéressantes à gratter. J'ai apprécié celle où le corset (de beauté) est enlevé à Chiara Mastroianni tandis que son personnage s'inquiétait du rapport entre Charcot et Augustine. La scène du singe aussi. J'ai apprécié la séquence d'entrée et quelques scènes finales... Et je me suis demandé à chaque fois si ces scènes justifiaient l'histoire et sa mise en forme telles qu'elles m'étaient présentées. J'ai assez largement conclu ce film par la négative en me disant : "Encore un film médical qui passe à côté de son sujet, et qui est mal renseigné de surcroît".
Il y a tant et tant à dire sur l'hystérie, et de manière plus générale, sur la psychiatrie que j'en ai trouvé cela triste.

Box-Office France 2012 arrêté au 6 novembre 2012

1 . L'AGE DE GLACE 4 LA DERIVE DES CONTINENTS ● ( Twentieth century fox ) : 6 563 468
2 . SUR LA PISTE DU MARSUPILAMI ( Pathe distribution ) : 5 300 680
3 . LA VERITE SI JE MENS ! 3 ( Mars distribution ) : 4 613 791
4 . AVENGERS ( Walt disney studios motion pictures France ) : 4 498 965
5 . THE DARK KNIGHT RISES ● ( Warner bros. ) : 4 385 032
6 . SKYFALL ● ( Sony pictures releasing ) : 4 025 881
7 . MADAGASCAR 3 BONS BAISERS D'EUROPE ● ( Paramount pictures France ) : 3 343 463
8 . LE PRENOM ( Pathe distribution ) : 3 335 673
9 . REBELLE ● ( Walt disney studios motion pictures France ) : 3 068 592
10 . ASTERIX ET OBELIX AU SERVICE DE SA MAJESTE ● ( Wild bunch distribution ) : 2 965 051
11 . TAKEN 2 ● ( Europacorp distribution ) : 2 813 026
12 . LES SEIGNEURS ● ( Warner bros. ) : 2 669 964
13 . THE AMAZING SPIDER-MAN ( Sony pictures releasing ) : 2 524 884
14 . SHERLOCK HOLMES JEU D'OMBRES ( Warner bros. ) : 2 367 762
15 . LES INFIDELES ( Mars distribution ) : 2 301 045
16 . MEN IN BLACK 3 ( Sony pictures releasing ) : 2 127 999
17 . EXPENDABLES 2 ( Metropolitan filmexport ) : 1 958 411
18 . BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR ( Universal pictures international France ) : 1 955 857
19 . DARK SHADOWS ( Warner bros. ) : 1 942 678
20 . DE ROUILLE ET D'OS ( Ugc distribution ) : 1 873 764
21 . PROMETHEUS ( Twentieth century fox ) : 1 837 125
22 . PROJET X ( Warner bros. ) : 1 826 842
23 . UN BONHEUR N'ARRIVE JAMAIS SEUL ( Pathe distribution ) : 1 823 886
24 . CLOCLO ( Studiocanal ) : 1 791 770
25 . HUNGER GAMES ( Metropolitan filmexport ) : 1 722 542
26 . AMERICAN PIE 4 ( Universal pictures international France ) : 1 525 337
27 . MINCE ALORS ! ( Ugc distribution ) : 1 441 415
28 . J. EDGAR ( Warner bros. ) : 1 428 613
29 . ZARAFA ( Pathe distribution ) : 1 419 510
30 . VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE 2 - L'ILE MYSTERIEUSE ( Warner bros. ) : 1 303 369
31 . TOTAL RECALL MEMOIRES PROGRAMMEES ( Sony pictures releasing ) : 1 268 707
32 . TED ● ( Universal pictures international France ) : 1 226 134
33 . TITANIC 3D ( Twentieth century fox ) : 1 139 388
34 . SEXY DANCE 4 MIAMI HEAT ( Universal pictures international France ) : 1 121 544
35 . MILLENIUM LES HOMMES QUI N'AIMAIENT PAS LES FEMMES ( Sony pictures releasing ) : 1 080 239
36 . BATTLESHIP ( Universal pictures international France ) : 1 063 484
37 . LES VACANCES DE DUCOBU ( Ugc distribution ) : 1 053 171
38 . STARS 80 ● ( Warner bros. ) : 1 046 985
39 . DANS LA MAISON ● ( Mars distribution ) : 1 028 537
40 . JOHN CARTER ( Walt disney studios motion pictures France ) : 1 021 013
41 . CHRONICLE ( Twentieth century fox ) : 1 020 366
42 . LES KAIRA ( Gaumont distribution ) : 1 016 184
43 . CLOCHETTE ET LE SECRET DES FEES ● ( Walt disney studios motion pictures France ) : 1 005 558
44 . LES SAVEURS DU PALAIS ● ( Wild bunch distribution ) : 958 836
45 . JASON BOURNE : L'HERITAGE ● ( Universal pictures international France ) : 950 724
46 . LES PIRATES ! BONS A RIEN MAUVAIS EN TOUT ( Sony pictures releasing ) : 879 214
47 . THE DICTATOR ( Paramount pictures France ) : 877 556
48 . CAMILLE REDOUBLE ● ( Gaumont distribution ) : 854 451
49 . KIRIKOU ET LES HOMMES ET LES FEMMES ● ( Studiocanal ) : 842 567
50 . BLANCHE NEIGE ( Metropolitan filmexport ) : 817 797
51 . LA COLERE DES TITANS ( Warner bros. ) : 786 109
52 . FELINS ( Walt disney studios motion pictures France ) : 773 941
53 . THE DESCENDANTS ( Twentieth century fox ) : 754 181
54 . LA PART DES ANGES ● ( Le pacte ) : 742 135
55 . L'AMOUR DURE TROIS ANS ( Europacorp distribution ) : 720 093
56 . CHEVAL DE GUERRE ( Walt disney studios motion pictures France ) : 715 246
57 . SAMMY 2 ● ( Studiocanal ) : 697 960
58 . ADIEU BERTHE - L'ENTERREMENT DE MEME - ( Ugc distribution ) : 675 621
59 . SECURITE RAPPROCHEE ( Universal pictures international France ) : 673 526
60 . PARANORMAL ACTIVITY 4 ● ( Paramount pictures France ) : 639 188
61 . LA TAUPE ( Studiocanal ) : 632 780
62 . STAR WARS : EPISODE 1, LA MENACE FANTOME 3D ( Twentieth century fox ) : 621 726
63 . DU VENT DANS MES MOLLETS ● ( Gaumont distribution ) : 611 829
64 . LE LORAX ( Universal pictures international France ) : 611 658
65 . UN PLAN PARFAIT ● ( Universal pictures international France ) : 609 755
66 . LA DAME DE FER ( Pathe distribution ) : 609 130
67 . LE ROI LION 3D ( Walt disney studios motion pictures France ) : 578 390
68 . THE SECRET ● ( Snd ) : 570 952
69 . RADIOSTARS ( Mars distribution ) : 560 731
70 . TO ROME WITH LOVE ● ( Mars distribution ) : 559 762
71 . LES ADIEUX A LA REINE ( Ad vitam ) : 540 404
72 . LE PACTE ( Snd ) : 526 681
73 . ET SI ON VIVAIT TOUS ENSEMBLE ? ( Bac films ) : 519 504
74 . RESIDENT EVIL : RETRIBUTION ● ( Metropolitan filmexport ) : 516 681
75 . MOONRISE KINGDOM ( Studiocanal ) : 508 844
76 . UNE VIE MEILLEURE ( Mars distribution ) : 499 832
77 . SAVAGES ● ( Pathe distribution ) : 498 879
78 . LOCK OUT ( Europacorp distribution ) : 496 611
79 . CHERCHEZ HORTENSE ● ( Le pacte ) : 495 849
80 . UNDERWORLD 4 : NOUVELLE ERE ( Snd ) : 494 252
81 . BOWLING ( Pathe distribution ) : 493 508
82 . NOUVEAU DEPART ( Twentieth century fox ) : 493 247
83 . GHOST RIDER : L'ESPRIT DE VENGEANCE ( Snd ) : 490 294
84 . LA DAME EN NOIR ( Metropolitan filmexport ) : 481 362
85 . ABRAHAM LINCOLN : CHASSEUR DE VAMPIRES ( Twentieth century fox ) : 477 280
86 . STARBUCK ● ( Diaphana distribution ) : 464 268
87 . ASSOCIES CONTRE LE CRIME… ( Studiocanal ) : 454 880
88 . DES HOMMES SANS LOI ( Metropolitan filmexport ) : 440 384
89 . LE GRAND SOIR ( Ad vitam ) : 431 696
90 . 2 DAYS IN NEW YORK ( Rezo films ) : 430 628
91 . LA COLLINE AUX COQUELICOTS ( Walt disney studios motion pictures France ) : 426 006
92 . LOOPER ● ( Snd ) : 424 568
93 . SUR LA ROUTE ( Mk2 diffusion ) : 375 747
94 . AMOUR ● ( Les films du losange ) : 373 373
95 . LA VIE D'UNE AUTRE ( Arp selection ) : 371 038
96 . REC 3 (GENESIS) ( Le pacte ) : 362 993
97 . DEVIL INSIDE ( Paramount pictures France ) : 361 285
98 . COSMOPOLIS ( Stone angels ) : 355 212
99 . TARGET ( Twentieth century fox ) : 353 021
100 . COMME UN CHEF ( Gaumont distribution ) : 351 694
101 . STREET DANCE 2 3D ( Metropolitan filmexport ) : 346 972
102 . MARGIN CALL ( Arp selection ) : 344 960
103 . CE QUI VOUS ATTEND SI VOUS ATTENDEZ UN ENFANT ( Metropolitan filmexport ) : 339 633
104 . L'ONCLE CHARLES ( Pathe distribution ) : 329 436
105 . LE TERRITOIRE DES LOUPS ( Metropolitan filmexport ) : 329 399
106 . FRANKENWEENIE ● ( Walt disney studios motion pictures France ) : 326 230
107 . MAINS ARMEES ( Mars distribution ) : 322 874
108 . INDIAN PALACE ( Twentieth century fox ) : 322 491
109 . SAFE ( Wild bunch distribution ) : 317 951
110 . LA CABANE DANS LES BOIS ( Metropolitan filmexport ) : 313 947
111 . QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS ● ( Diaphana distribution ) : 313 428
112 . PARLEZ-MOI DE VOUS ( Diaphana distribution ) : 302 690
113 . NOS PLUS BELLES VACANCES ( Pathe distribution ) : 299 399
114 . 21 JUMP STREET ( Sony pictures releasing ) : 297 785
115 . DEPRESSION & DES POTES ( Studiocanal ) : 296 538
116 . LE MAGASIN DES SUICIDES ● ( Arp selection ) : 291 396
117 . BARBARA ● ( Pyramide ) : 289 829
118 . JE TE PROMETS ( Sony pictures releasing ) : 287 364
119 . CE QUE LE JOUR DOIT A LA NUIT ● ( Wild bunch distribution ) : 286 036
120 . L'ETRANGE POUVOIR DE NORMAN ● ( Universal pictures international France ) : 285 485
121 . MAGIC MIKE ( Arp selection ) : 285 400
122 . MAMAN ( Wild bunch distribution ) : 276 992
123 . CORNOUAILLE ( Ugc distribution ) : 273 562
124 . 38 TEMOINS ( Diaphana distribution ) : 270 549
125 . PLAN DE TABLE ( Arp selection ) : 253 339
126 . LE FILS DE L'AUTRE ( Haut et court ) : 251 239
127 . LES FEMMES DU BUS 678 ● ( Pyramide ) : 244 965
128 . TOUS LES ESPOIRS SONT PERMIS ● ( Metropolitan filmexport ) : 239 279
129 . LE GUETTEUR ( Studiocanal ) : 233 068
130 . A L'AVEUGLE ( Europacorp distribution ) : 230 441
131 . VOISINS DU TROISIEME TYPE ( Twentieth century fox ) : 226 278
132 . DOS AU MUR ( Studiocanal ) : 223 904
133 . PARIS-MANHATTAN ( Snd ) : 222 875
134 . EXTREMEMENT FORT ET INCROYABLEMENT PRES ( Warner bros. ) : 217 874
135 . UNE NUIT ( Ugc distribution ) : 216 347
136 . DETACHMENT ( Pretty pictures ) : 215 980
137 . LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE ● ( Epicentre films ) : 214 270
138 . EFFRACTION ( Metropolitan filmexport ) : 212 229
139 . MA PREMIERE FOIS ( Mars distribution ) : 204 100
140 . MY WEEK WITH MARILYN ( Studiocanal ) : 203 797
141 . TAKE SHELTER ( Ad vitam ) : 200 659
142 . SUPERSTAR ( Wild bunch distribution ) : 194 425
143 . MONSIEUR LAZHAR ● ( Ugc distribution ) : 188 106
144 . BIENVENUE PARMI NOUS ( Studiocanal ) : 186 796
145 . RECHERCHE BAD BOYS DESESPEREMENT ( Metropolitan filmexport ) : 183 980
146 . THE RAID ( Snd ) : 182 578
147 . HOLY MOTORS ● ( Les films du losange ) : 180 915
148 . THE DARKEST HOUR 3D ( Twentieth century fox ) : 170 731
149 . JANE EYRE ( Ugc distribution ) : 170 619
150 . BACHELORETTE ● ( Mars distribution ) : 169 244
151 . LOUISE WIMMER ( Haut et court ) : 166 015
152 . PIEGEE ( Ugc distribution ) : 162 374
153 . YOUNG ADULT ( Paramount pictures France ) : 161 673
154 . CHRONIQUES DE TCHERNOBYL ( Metropolitan filmexport ) : 158 665
155 . UNE BOUTEILLE A LA MER ( Diaphana distribution ) : 158 428
156 . KILLER JOE ● ( Pyramide ) : 158 073
157 . VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU ● ( Studiocanal ) : 154 159
158 . A PERDRE LA RAISON ( Les films du losange ) : 152 362
159 . LES ENFANTS LOUPS AME & YUKI ● ( Eurozoom ) : 149 633
160 . LE JOUR DES CORNEILLES ● ( Gebeka films ) : 148 288
161 . PAPERBOY ● ( Metropolitan filmexport ) : 148 163
162 . UN JOUR MON PERE VIENDRA ( Gaumont distribution ) : 147 714
163 . SANS ISSUE ( Snd ) : 146 542
164 . L'ENFANT D'EN HAUT ( Diaphana distribution ) : 145 069
165 . ELENA ( Pyramide ) : 142 370
166 . OSLO, 31 AOUT ( Memento films distribution ) : 141 424
167 . TUCKER & DALE FIGHTENT LE MAL ( Wild bunch distribution ) : 141 082
168 . IL ETAIT UNE FOIS, UNE FOIS ( Ugc distribution ) : 139 110
169 . 30° COULEUR ( Mars distribution ) : 138 861
170 . ARRETE DE PLEURER PENELOPE ( Snd ) : 137 432
171 . LA MER A BOIRE ( Wild bunch distribution ) : 136 298
172 . CONTREBANDE ( Universal pictures international France ) : 132 529
173 . JUSQU'A CE QUE LA FIN DU MONDE NOUS SEPARE ( Snd ) : 128 592
174 . PREMIUM RUSH ( Sony pictures releasing ) : 122 946
175 . HASTA LA VISTA ( Les films 13 ) : 120 269
176 . POSSESSIONS ( Ugc distribution ) : 117 037
177 . REALITY ● ( Le pacte ) : 116 152
178 . MA BONNE ETOILE ( Studiocanal ) : 114 773
179 . DO NOT DISTURB ● ( Ugc distribution ) : 111 005
180 . TWIXT ( Pathe distribution ) : 110 048
181 . PAULINE DETECTIVE ● ( Haut et court ) : 109 851
182 . ELLES ( Haut et court ) : 109 701
183 . ANOTHER HAPPY DAY ( Memento films distribution ) : 106 123
184 . LAURENCE ANYWAYS ● ( Mk2 diffusion ) : 104 791
185 . THE WE AND THE I ● ( Mars distribution ) : 103 535
186 . QUAND JE SERAI PETIT ( Mars distribution ) : 102 097
187 . BEL AMI ( Studiocanal ) : 100 874
188 . DAVID ET MADAME HANSEN ( Pathe distribution ) : 100 248
189 . MY BEST MEN ( Pyramide ) : 100 236
190 . LES ACACIAS ( Bodega films ) : 100 225
191 . 10 JOURS EN OR ( Metropolitan filmexport ) : 100 118


Triste constat.

Je tiens rapidement à dire que j'ai un a posteriori très favorable pour le dernier Costa Gavras. Mon a priori était que j'allais voir une catastrophe idéologique porté par un Elmaleh au service minimum.

Je vous encourage à voir Le Capital.

Une poire pour la soif - critique de Girlfriend Experience de Soderbergh



Les rencontres prennent une autre tournure avec la culture du rapport de force. Quelle rencontre n'en est pas dénuée, me direz-vous ? Même le mariage, qu'on vante tant ces derniers jours, est le triomphe de la prostitution ! Qu'on se comprenne bien ! On parle beaucoup d'argent ici, dans ce film, de faire de l'argent, de liquidités et de valeurs d'échange. Mais ce n'est pas l'argent ni même le patriarcat (biologique ou sociohéréditaire) la cause problématique. Le patriarcat et l'argent, ce sont des moyens conséquents qui ont le don de nuance et de mesure sur la cause. Nous pourrions tout à fait concevoir un monde avec de l'argent en abondance s'il était utilisé avec escient, ou avec un patriarcat si son intention louable envers les femmes. En revanche, nous ne pouvons pas concevoir ce monde sans rapports intentionnels de force. En effet, il en faut de l'intention et de la volonté d'entrer dans ce type de rapports. Il en faut de la conscience pour se justifier à soi-même et s'assurer que son action fut bonne.
Si nous évoquions le consentement, je pourrais très bien vous dire à quel point il varie d'un être à l'autre, dans l'Histoire et dans la vie d'un être. Il varie tellement dans son éclairage qu'il n'est guère possible de concevoir un instant d'accorder toute la responsabilité à l'individu. Cela ne peut donc pas être le consentement, le cause problématique. J'insiste donc à dire qu'à mon avis le rapport de force régit le sens de l'exploitation. Je m'arrête là dans l'épistémologie de Girlfriend Experience car s'interroger sur la cause, la valeur et la portée des rapports des forces revient s'éloigner de l'oeuvre et ce raisonnement qui s'arrête ne brusque en rien la valeur démonstrative et le fait que le film ne repose sur l'existence non décelée d'un rapport des forces.
Pourtant il en faut un raisonnement solide et bien audacieux pour oser acquérir une nuit de charme, acquérir un corps dans la continuation logique de la traite humaine, de l'acquérir sans autre différence qu'un produit de consommation, fusse-t-il en tête de gondole. Que c'est excitant ! Non, le rapport de force qui implique l'intention de payer en vue de l'acquisition d'un service sexuel jetable, adaptable, servile, docile, disponible et personnalisé semble bien un point d'ancrage solide pour que je commence mon tour du propriétaire Soderbergh. Quelle autre cause sinon, aussi banale, pourrait expliquer cette exploitation irrationnelle et les inégalités héréditaires non naturelles dont regorgent ce film ?

J'en ai eu des a priori avant de voir ce film. Je n'aime pas la manière de Soderbergh. C'est irrémédiable. Et quand j'ai lancé le visionnage du film, je ne m'attendais à voir un "Sleeping Beauty" que j'ai vu et qui m'a fort déplu. Peut-être est-ce cette haine contentieuse qui a décuplé mon intérêt soudain. Mais la base du film est belle et bien là. Surtout belle.



Hé oui ! Comme dans un film pornographique, la phallocratie exige que l'unique centre d'attention soit une femme, ici Sasha Grey. Je m'arrête quelques instants pour exprimer à quel point ce choix me paraît judicieux en dehors des qualités de jeu.
Dès l'entrée, le goût du dessert envoie toute son amertume. Loin des îles flottantes et du serpent monétaire, le rapport de force abolit les enjeux. Il abolit la frustration de ne pas remplir cet objectif de performance. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. Que les rapports sociaux deviennent factices, qu'ils soient supplantés par une domination irrémédiable, ne posent aucun problème à l'ego et à cette perspective précieuse et narcissique de faire l'amour à ce que l'on a conquis.
De ce fait, il n'y a plus de vie dans cette femme. Comme cela lui sied à merveille d'être évidée par le siphon ! C'est à y observer toute la consécration d'une courte carrière ! Soderbergh choisit Sasha Grey non seulement par un racolage justifié mais parce que ce choix relève de l'impeccance. Il ne commet aucune faute en offrant sur un plateau d'argent ce rôle. Sasha Grey est en temps normal une des prêtresses de la pornographie alternative. Son nom et ses yeux gris de diamantaire sont ceux de l'incarnation de ceux qui viennent de nulle part, qui survolent les désillusions parce qu'ils n'ont plus rien au départ. Sasha Grey est dépossédée tandis qu'elle fréquente tous ces possédés d'intentions visqueuses, tous ces obsédés de la moëlle scrofuleuse et du chancre mou. Il n'y a plus rien avant même de commencer la rencontre, le déjeuner. Il n'y a plus rien.

Comme le bétail, elle n'a ni passé ni avenir. Elle n'a que la culture du présent pour falsifier l'épanouissement intime et son bonheur. L'Alt-Porn a quelques liens avec les sous-cultures qui promeuvent ces états d'esprit. Sasha Grey a plutôt exercé dans les ambiances gothiques, celles-là même qui dresse la mélancolie moderne en fond de décor. Par ailleurs, son personnage, Chelsea, répond très clairement dans le film quand vient la question de la nécessité d'être liquide : "C'est ce que je fais" dit-elle. La liquidité, sensée être un symbole érotique, passe pour une aptitude d'un service sexuel et sa capacité à se transformer en monnaie. Sasha Grey est liquide dans cette période de crise financière et pourtant du culte de la performance permanente. Les lits sous plastiques qu'elle fréquente ne sont jamais loin des appareils de musculation... Elle n'a d'autre choix que d'être liquide et, en même temps, elle y trouve un certain talent. Soderbergh peint à la Rossetti le portrait immersif d'une femme et ce qui anime sa conscience, tout en obéissant de manière liquide à l'ordre social des choses et des moeurs. Il peint une femme symbolique dont les traits m'ont rappelé le préraphaélisme. N'ayez pas peur de ce mot ! Il désigne juste ce courant de peinture qui avait la volonté d'être anticonformiste, antiacadémique en Angleterre. Ce courant voyait la morale se perdre dans la cupidité d'une révolution industrielle qui courrait déjà à la perdition, qui niait les besoins humains pour les beaux yeux du profit. Alors il a utilisé des procédés antinaturalistes, des perspectives louches, des couleurs criardes, des thèmes poétiques et spirituels pour retrouver la grandeur de la peinture de la Renaissance italienne et flamande. C'est un mouvement artistique hautement critique et qui fut accablé de tous les maux. Voilà, maintenant, vous comprenez mieux le parallèle avec ce portrait de Sasha, d'une beauté ambivalente. Nul ne sait si son comportement ou sa vision des choses permettra à sa vie de se dépasser, de transcender toutes les performances en demeurant liquide mais une chose est certaine : elle est un symbole entier, jocondien au paysage désolant. Elle est la pin-up disparue, de celles qui se sont évanouies avec l'avènement de consommation de masse (elle fera le détail précis de ses vêtements plus d'une fois pour désacraliser la sainte putain, pour nous vendre de la putain démocratique).



Elle est aussi la dépravation morale et critique, invoquée dans le préraphaélisme, due à l'avancée l'industrie comme nous avions déjà pu le constater dans "Des hommes et des monstres" de Balabanov.

[url=http://www.toutlecine.com/film/videos/0034/00344216/00006744-bande-annonce-1-des-monstres-et-des-hommes.html]http://www.toutlecine.com/film/videos/0034/00344216/00006744-bande-annonce-1-des-monstres-et-des-hommes.html


Chelsea n'est pas critique. Mais dans la dualité des masques, Sasha l'est, elle, très critique. Cela fait partie d'ailleurs du mouvement gothique que d'être profondément critique au point de ne plus être réactif, au point de d'être parfois romantique, théâtral ou réactionnaire. Sasha fait partie de cette catégorie cynique, de celle qui se confondent et s'habillent de confusion pour mieux empoigner la valeur essentielle des choses. Dans son métier et dans l'Alt-Porn, Sasha Grey est habituée aux dégradations morales et physiques. Le fait de provenir d'une famille très pauvre a permis de développer chez elle un goût aussi particulier que prononcé pour les atteintes à l'intégrité, ce qui a sans forgé son acceptation, son indifférence et ses impostures multiples. On ne sait pas de quelle catégorie sociale provient Chelsea mais il nous est largement permis de penser que l'argent et son absence ont modelé le psychisme de ce personnage. Elle est un portrait allégorique du système. Le système vu comme une traînée confondante mais qui n'en passe pas pour une. Pour cette raison, le personnage m'a rappelé la mannequin convoitée dans Le Capital de Costa-Gavras ou encore le personnage centrale de Showgirls de Paul Verhoeven. Et d'une manière plus globale, on pense à un de ces zombies à la Romero. J'ai pensé à cette phrase très sensée dite par un psychotique délirant dans Titicut Folies : le capitalisme est la femelle du monde en chaleur. Que ce soit Chelsea ou Sacha, elles s'adaptent et, par leurs adaptations, nous immerge. Liquide.

Chelsea, la poule en coffret deluxe, ou Sasha, la star pornogoth, n'ont pas nécessairement la vocation que la société leur prête contre leurs bons et loyaux services. La notoriété ou le plaisir à exercer sont des conséquences de la nature fonctionnelle de leur masque interchangeable. C'est même une affaire de gestion (cf. scène du coton-tige et son contre-coup, cf. scène du mauvais choix fait entre son intimité et sa vie professionnelle). Je pense qu'une des vocations les plus probables est le paradoxe d'être nue en cachant son être. Car si elle ne le faisait pas - et l'une des scènes finales avec David le montre - non seulement elle nierait et dépasserait la fonction recherchée mais elle renverserait également le rapport de forces. D'ailleurs, cette scène se termine par tout sauf le sexe. Leur vocation se résume à des numéros d'équilibriste, de funam-bulle, à ces numéros spécialisées qui les distingueront d'autres artistes. Et c'est seulement par cette distinction que viendra la reconnaissance. Dans Girlfriend Experience, Chelsea est effaçable comme seul le présent peut s'effacer. Elle est indistincte dans sa silhouette.

La réalisation est léchée, se cache parfois dans les scènes de rapports sociaux mais ne lèche pas sa silhouette. Ce qui intéresse Soderbergh, c'est le visage. Pas le camouflage. C'est pourquoi il organise une narration alternée avec une séquence où Chelsea est interrogée par un journaliste. Ce journaliste lui sert de miroir et ce miroir lui paraît à maintes reprises irrationnel et sans emprise. Mélancolique en somme. Au travers de ce miroir psychologique, on pressent que le seul mouvement qui lui soit possible ressemble à la transgression, au mouvement du traumatisme. Elle est en-dehors des conventions sociales archaïques pour en dresser la satire implacable. Nous nous trouvons, en sa compagnie, en-dehors de la norme. Pour preuve, elle se cache de ses connaissances habituelles, des fantômes accompagnés de son double, des fantômes qu'elle évite soigneusement. Nous nous situons tout de même dans une norme paradoxale puisque la psychologie de Chelsea et le fonctionnement auquel elle obéit appartient à une normalité. Une normalité puisque le film paraît dans les salles, il a été largement distribué et il a été filmé par un réalisateur notoire qui plus est ! Même que l'un des romans les plus vendus ces derniers temps s'intitule "50 nuances de... Grey". Chelsea est le nouveau dédain, le même qui servait de stratégie aux dames dans les jardins de courtoisie et qui avait le don de les sauvegarder des abus. Le regard gris de Chelsea est un regard qui anticipe les désillusions. Un regard blindé qui affirme qu'il ne peut plus être abusée, dans son intimité de couple ou dans sa profession.



Le film s'intitule "Girlfriend Experience". Il s'agit d'un titre qui prend un point de vue extérieur à la vie de Chelsea. C'est un des seuls éléments à ne pas être immersifs, avec quelques scènes. Il serait un peu ridicule de ne pas s'attarder ce qui différencie la profession de Chelsea de sa vie de couple avec Chris. Tout au long du film, s'alternent en parallèle des scènes de la vie domestique où des questionnements se mettent en place. Comment lier Chelsea à la domesticité ? Est-elle elle-même quand elle côtoie l'homme qui partage son existence ? Qu'a-t-elle dans la tête lorsqu'elle lui fait un câlin ou l'amour ? Se liquéfie-t-elle ? Non, Chelsea, sur ce point, n'est pas aussi liquide avec Chris qu'avec un autre. Elle est malgré tout évitante dans ses renseignements mystérieux ou au compte-goutte. Son évitement génère d'ailleurs une frustration chez son amoureux qui consent à sa fonction tant qu'elle est disponible. La différence entre l'intérieur et l'extérieur du couple, c'est la frustration. Tandis que d'autres allongent quelques sesterces pour s'arroger de la frustration, le rapport non marchand que Chelsea entretient dans la construction de son couple est en mesure de l'annihiler. Tout comme s'annihile le passé et l'avenir chez elle. L'épanouissement amoureux, assez sommaire, se réduit comme une peau de chagrin tandis qu'elle met en jeu son couple à chaque rencontre "choisie".

Le film est court et pourrait passer pour un moyen-métrage. Le point négatif que je vois est que l'essentielle de cette critique a été pensée lors des vingt premières minutes, hormis quelques scènes d'approfondissement psychologique. Comme dans Sleeping Beauty, quelques scènes sont redondantes et l'espèce de clip sur la fin est fort déplaisant.

L'une des dernières scènes révèlent à notre connaissance un constat fatidique pour Chelsea : "Les diamants ne s'échangent pas, c'est un mythe". Chelsea aura beau jouer les prestidigitatrices, les équilibristes, les impostures troubles, le gris de ses yeux reflète une expérience qui ne trahit pas.

Merci à ceux qui auront lu (même un peu).