La description la plus ancienne des elfes provient de la mythologie nordique. Dans la langue norroise, ils sont dénommés álfar (singulier nominatif, álfr). Bien qu'aucune description ancienne ou moderne n'existe, l'apparition de créature étymologiquement liées à álfar dans des folklores variés postérieurs suggère fortement que la croyance dans les elfes fût commune parmi les peuples germaniques et non limitée exclusivement aux antiques peuples de Scandinavie.
Les elfes apparaissent de diverses manières dans la mythologie nordique. Ils sont généralement décrits comme des êtres semi-divins associés à la fertilité et au culte des ancêtres. Le concept d'elfe semble donc similaire aux croyances animistes dans les esprits de la nature et les esprits des morts, croyances communes à toutes les anciennes cultures humaines. On retrouve à l'identique dans la mythologie nordique, la croyance du fylgjur et du vörðar (« esprit totem » et « esprit protecteur »). De même les elfes sont communément comparés aux nymphes de la mythologie grecque et romaine, et à Vili et aux rusalki de la mythologie slave.
L'historien et mythographe islandais Snorri Sturluson se réfère aux nains nordiques en tant que « elfes sombres » (dökkálfar) ou « elfes noirs » (svartálfar) ; mais il n'est pas certain que cela ne désigne pas une croyance scandinave médiévale plus tardive. Il se réfère aux autres elfes comme « elfes lumineux » (ljósálfar), qui seraient souvent associés à l'étymologie de elf. Snorri décrit leurs différences, d'après la prose de l'Edda (Gylfaginning 17) :
« Staðr d'einn de Sá heu þar, heu kallaðr heu Álfheimr. Þat de fólk de byggvir de Þar, heu heita de Ljósálfar, jörðu de í de niðri de búa d'en Dökkálfar, reyndum correct de ólíkari de miklu d'ok de sýnum de þeim de ólíkir de þeir d'eru. Sýnum de sól d'en de fegri d'eru de Ljósálfar, bik d'en de svartari d'eru d'en Dökkálfar. »
« Il y a un endroit là [dans le ciel] qui s'appelle la demeure elfe (Álfheimr). Les gens qui y vivent sont appelés les elfes lumineux (ljósálfar). Mais les elfes sombres (dökkálfar) vivent ci-dessous dans la terre, et ils ont une toute autre apparence — et très différents d'eux en réalité. Les Elfes Lumineux sont plus lumineux que le soleil en apparence, mais les Elfes Sombres sont plus ténébreux que … »
D'autres éléments à propos des elfes dans la mythologie nordique proviennent de la poésie scaldique, de Edda poétique et des sagas légendaires. Les elfes y sont liés au Æsir, en particulier par l'expression commune « Æsir et les elfes », qui signifie vraisemblablement « tous les dieux ». Quelques universitaires ont comparé des elfes au Vanir (dieux de fertilité), mais dans Alvíssmál (« les Dires de Sagesse »), les elfes sont distingués du Vanir et du Æsir, comme indiqué par une série de noms comparatifs dans lesquels Æsir, Vanir, elfes ont leurs propres traductions pour différents mots — reflétant ainsi leur préférences raciales. Il est possible que ces mots indiquent une différence dans le statut entre les dieux principaux de fertilité (le Vanir) et les divinités mineures (les elfes). Grímnismál relate que Freyr était le seigneur du Álfheimr (« monde-elfe »), la demeure des elfes lumineux. Lokasenna relate qu'un grand groupe de Æsir et d'elfes s'étaient réunis à la cour de Ægir pour un banquet. Plusieurs êtres mineurs, domestiques des dieux, à l'exemple de Byggvir et Beyla, sont présentés comme appartenant à Freyr, seigneur des elfes, et ceux-ci sont probablement eux-aussi des elfes, puisqu'ils n'ont pas été comptées parmi les dieux. Deux autres domestiques mentionnés sont Fimafeng (assassiné par Loki) et Eldir.
Folklore scandinave
Dans le folklore scandinave, qui est un mélange postérieur de mythologie nordique et chrétienne, un elfe est nommé elver en danois, alv en norvégien, alv ou älva en suédois.
Le terme norvégien apparaît rarement dans le folklore, et quand il est utilisé, c'est comme synonyme de huldrefolk (« peuple caché ») ou vetter, sorte de catégorie de « lutins » liés à la terre, approchant davantage des nains de la mythologie nordique, que des elfes.
Au Danemark et en Suède, les elfes apparaissent comme distincts du vetter, bien que la frontière entre les deux créatures soit mal délimitée. Les petites fées ailées du folklore britanniques (pixie) sont souvent désignées comme älvor en suédois moderne ou alfer en danois, bien que la traduction correcte soit feer. De manière similaire, l'elfe du conte de fées L'Elfe de la rose de l'écrivain danois Hans Christian Andersen est si minuscule qu'il peut avoir un bouton de rose pour maison, et a les « ailes qui partent des épaules jusqu'aux pieds ». Cependant, Andersen a également écrit au sujet de l'elfe, dans La Colline des elfes. Les elfes de cette histoire sont plus semblables à ceux du folklore traditionnel danois : de splendides femelles, vivant dans les collines et les rochers, capables de faire danser un homme jusqu'à la mort. Comme le huldra en Norvège et en Suède, ils sont illusions une fois vus de dos. Les elfes de la mythologie nordique semblent ainsi avoir survécu dans le folklore principalement comme femelles, vivant dans les collines et monticules des pierres (voir tertre)[6].
Cercle des elfes
Les elfes pourraient être vu dansant dans les prés, particulièrement les nuits et les matins de brumes. Ils laissent des espèces de cercle à l'emplacement de leur danse, qui sont dénommés älvdanser (« danses d'elfes ») ou älvringar (cercle d'elfes). Uriner dans l'un de ces cercles était censé provoquer des maladies vénériennes. Typiquement, ces cercles avaient été tracés par une multitude de petits champignons, mais ils pouvaient être également tracés par le dessin d'herbes foulées contre le sol.
Icône de détail Article détaillé : cercle des fées.
Persistance des croyances
Une majorité de la population islandaise croit en l'existence des elfes, ou du moins ne réfute pas leur existence, ainsi Vigdís Finnbogadóttir (Présidente de l'Islande, de 1980 à 1996) en dit : "L'existence des elfes, des fantômes, des extraterrestres ou d'une vie après la mort n'a jamais été prouvée. C'est pareil avec Dieu, personne n'a prouvé s'il existe ou pas."
Folklore germanique
Ce qui a subsisté des elfes dans le folklore allemand, est leur nature espiègle et malfaisante. Ils étaient estimés capables de causer des maladies au bétail et aux gens. Ils apportent également de mauvais rêves aux dormeurs. Le mot allemand pour cauchemar, Albtraum, signifie littéralement « rêve d'elfe ». Sa forme archaïque Albdruck signifie « pression d'elfe » ; la croyance populaire désignait les cauchemars comme le résultat d'un elfe assis sur la tête du dormeur. Cet aspect de la croyance elfique germanique correspond en grande partie à la croyance scandinave du mara. Elle est également semblable aux légendes concernant les incubes et les succubes.
Un roi elfe apparaît de temps en temps au Danemark et en Suède. Dans l'épopée allemande médiévale du Nibelungenlied, un personnage important est un nibelung (nain) nommé Alberich. Alberich se traduit littéralement comme « souverain elfe », autre contribution à la confusion entre elfe et nain, observée antérieurement dans l'Edda. Ce nom entra ensuite dans la littérature française, comme Obéron par la chanson de geste médiévale Huon de Bordeaux.
Les elfes dans la littérature moderne
Ils sont généralement décrits comme des êtres intelligents, plus grands et plus fins que les humains, bien que dotés d'une longévité exceptionnelle (quasiment immortels). Leurs oreilles sont censées être pointues, ce qui permettrait de les reconnaître sans ambiguïté.
La vision qu'en donna John Ronald Reuel Tolkien dans son œuvre a sensiblement influencé leur représentation. Il leur a donné leur grande taille et leur grande beauté, de même qu'un penchant pour la mélancolie et la nostalgie, cette idée que leur civilisation est en déclin face à celle de l'homme. Depuis, cette vision a été reprise, modifiée et largement véhiculée dans beaucoup d'œuvres littéraires ou de jeux de rôles.
La civilisation des elfes est ainsi réputée par les auteurs du genre comme étant raffinée bien qu'en décadence ou en repli du monde. Les elfes sont souvent mis en opposition aux nains notamment du fait de leur physique : les elfes sont grands, fins et élancés, tandis que les nains sont petits, trapus et résistants. De nombreux auteurs, contrairement à J.R.R. Tolkien, ont accentué cette opposition en associant les elfes aux milieux forestiers proche de la nature, et les nains aux cavernes, aux mines et aux forges. C'est le cas par exemple dans le monde de Warhammer, ou dans le monde des Royaumes oubliés.
Les elfes sont aussi, quelques fois, représentés sous plusieurs formes ou races différentes. Comme les Elfes des bois, les Elfes de la nuit ou même parfois Les Elfes de l'eau. Ces spécifications sont assez courantes dans certains jeux vidéo ou jeux de plateau comme cité plus haut et plus bas.
Les elfes dans Arda, le monde de John Ronald Reuel Tolkien